Le Rideau levé

Honoré Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau, plus communément appelé Mirabeau, est né le 9 mars 1749 au Bignon-Mirabeau, et mort le 2 avril 1791 à Paris. Ecrivain et diplomate, journaliste, figure politique majeure de la Révolution Française, membre de la Franc-maçonnerie, il demeure un personnage controversé qui a usé et abusé de tout, à un moment charnière de l´Histoire de France.

Après des études à la faculté de droit de l´université d´Aix-en-Provence, il est incorporé en 1768 à un régiment et participe à la campagne de Corse (1768-1769). Il s´endette, provoquant la colère de son père, et gagne une solide réputation de libertinage qui ne le quittera plus.

Libéré des obligations militaires, il épouse Émilie, fille du puissant marquis de Marignane. Leur unique fils meurt en bas-âge. Elle demandera et obtiendra la séparation de corps en 1782.

Pour le soustraire à ses créanciers, son père le fait plusieurs fois enfermer au fort de Vincennes, puis exiler au château de Joux, en Franche-Comté, d´où il s´enfuit aux Provinces-Unies (Pays-Bas).

Après la publication de son Essai sur le despotisme en 1776, Mirabeau est condamné à mort par contumace, puis extradé et emprisonné au château de Vincennes de 1777 à 1780. Il y tue le temps en composant de nombreux ouvrages, parmi lesquels des traductions d´œuvres latines et des œuvres publiées plus tard sous le manteau : pamphlets politiques et romans libertins. Dès sa sortie de prison, il voyage un peu partout en Europe. Il est chargé d´une mission diplomatique à la cour de Berlin, mais ses écrits sur le roi de Prusse Frédéric II provoquent un nouveau scandale.

Il participe en 1788 au côté de Brissot, Clavière et Condorcet à la fondation de la Société des Amis des Noirs qui réclame l´abolition immédiate de la traite des Noirs et la disparition progressive de l´esclavage dans les colonies.

Au moment des élections aux États Généraux de 1789, il désire passionnément en faire partie. Sa candidature écartée par la noblesse du bailliage d'Aix, il ouvre un commerce de drap et se fait élire député du tiers-état.

Orateur prestigieux, il joue un rôle éminent pendant les débats des États généraux. Très actif, il sait s´approprier habilement les pensées des autres, en y ajoutant le prestige de son éloquence. Partisan d´une monarchie constitutionnelle, dont il serait le premier ministre et le tuteur, il devient le conseiller privé (rémunéré) de Louis XVI.

Son décès, à Paris le 2 avril 1791, cause dans tous les partis une profonde stupeur et est ressenti comme un deuil national. Sa mort est attribuée à un empoisonnement par certains, aux excès ininterrompus d´une vie de plaisirs, jointe aux fatigues d´une intense activité publique, par d´autres.