Madame Bovary est la première œuvre publiée par Gustave Flaubert. Parue en 1857, elle est son roman le plus célèbre, et le plus adapté au théâtre comme au cinéma.
Sa genèse est singulière. C'est par dépit que Flaubert commence à réfléchir au sujet en 1849. La lecture, à ses intimes, de la première version de la Tentation de saint Antoine est un désastre. Le verdict tombe : c'est plus que mauvais, impubliable. Ses amis lui conseillent d'écrire sur « un sujet terre à terre » et suggèrent un fait divers, « l'histoire de Delaunay ». Accablé, Flaubert accepte la sentence et décide de faire le pensum. Ainsi, tous les personnages de Madame Bovary ont existé. Mais c'est au sens aigu de l'observation de Flaubert que l'on doit les détails du roman. Le projet mettra encore des années à se concrétiser. Après un voyage en Orient, il commence à écrire en septembre 1851 et termine en avril 1856.
Charles Bovary est un bon garçon, niais, terne, mais gentil. Il est officier de santé, pas docteur en médecine, mais c'est suffisant. Emma Rouault est la fille d'un riche fermier, élevée dans un couvent. Elle y a reçu une « belle éducation ». Ils se marient. Très vite, Emma étouffe : la vie humble et rangée que lui offre son époux ne lui permet pas de savourer les mots félicité, passion et ivresse qui lui ont paru si beaux dans les livres. Une invitation chez un marquis, le dîner au château, le bal lui font croire que ce monde enchanté, auquel elle rêve, existe vraiment. Un hobereau du voisinage n'a pas de mal à la séduire, puis se lasse ; déçue, elle manque mourir de chagrin, prend sa revanche avec un clerc de notaire, signe des traites pour se faire belle, et entraîne son benêt de mari dans les pires embarras. Lui, médiocre incurable y voit « la faute de la fatalité ! »
Au-delà du drame, Madame Bovary est un féroce réquisitoire contre la société bourgeoise, la médiocrité satisfaite de la province, la niaiserie des pensées sur mesure, réquisitoire qui tire sa force de ce qu'il se présente comme un exposé parfaitement objectif et strictement réaliste. L'œuvre fait scandale, les pouvoirs publics s'en mêlent et les poursuites judiciaires commencent. Flaubert passe en correctionnelle, sous l'inculpation d'outrage à la morale publique et religieuse, et d'outrage aux bonnes mœurs. Il est acquitté, mais on le proclame coupable de ne pas « s'être suffisamment rendu compte qu'il y a des limites que la littérature, même la plus légère [sic], ne doit pas dépasser. »
Madame Bovary ouvre pourtant la voie à un « nouveau roman français ». Pendant près de cinq années, Flaubert, rivé à sa table de travail, n'écrit que quelques lignes par jour, les rature, les reprend sans cesse. Il veut parvenir au mot juste. Son style adhère si parfaitement aux personnages, les dialogues sont d'une telle justesse, qu'il devient un moyen de communication directe entre les personnages et le lecteur. En cela, il est profondément novateur.
Mais c'est à son caractère de profonde humanité que Madame Bovary doit son immense succès. L'histoire d'Emma, c'est celle d'un être qui chute de faute en faute, aspiré par le gouffre qui existe entre l'idée qu'elle se fait de la vie et la vie elle-même. Cette opposition, si finement analysée par Flaubert, fait d'elle un personnage universel dans laquelle chacun peut se reconnaître. C'est là certainement le secret de la réussite d'un roman qui ne cesse d'émouvoir et de passionner. Flaubert affirme : « Ma pauvre Bovary, à cette heure, souffre et pleure dans vingt villages de France ! » Elle restera vraie tant qu'il y aura des êtres pour rêver et pour souffrir. Madame Bovary, c'est nous !
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Gustave Flaubert est un romancier français, né à Rouen en 1821, mort à Croisset en 1880. On compte ses romans sur les doigts d’une main, mais chacun est un chef d’œuvre qui fait de son auteur un des géants de la littérature française, au confluent des courants romantique et réaliste.
Fils du chirurgien en chef de l’Hôtel-Dieu de Rouen, il grandit dans un hôpital ; enfant, il connaît la souffrance et la mort mais la douceur et la gaîté d’un foyer familial très uni, où l’on aime rire, tempèrent la mélancolie propre à un tel lieu. Ces premières années marquent son caractère, qui marie tristesse et goût des farces ; son œuvre, dominée par le souci de la précision scientifique et la recherche de la vérité sous les faux-semblants.
Dès les bancs du lycée, il rédige seul, et fait imprimer, un petit journal Le Colibri où apparaissent certains des thèmes qu’il va développer bien plus tard ; il en est convaincu, il sera écrivain ! Il interrompt ses études de droit pour raisons de santé, c’est la chance d’accomplir son destin. Pour autant, ce dernier n’est pas pavé de roses ! Flaubert écrit, réécrit, hésite, s’éloigne, revient, écrit encore… si bien que chacune de ses œuvres demande un labeur acharné qui s’étend sur des années. Bien plus tard, son amie George Sand lui reprochera de « travailler dans la désolation ».
D’avril 1848 à septembre 1849, il rédige La Tentation de saint Antoine, sujet évoqué dans le Colibri en 1835. Il lit le manuscrit à des intimes. Échec ! Ils lui conseillent de mettre « sa muse au pain sec, pour la guérir de son lyrisme ». Il commence alors ses recherches pour Madame Bovary tout en partant vers l’Orient sur prescription médicale (octobre 1849). Il publie le roman en 1857. Attaqué pour immoralité. Scandale. Procès. Acquittement. Flaubert est atteint mais c’est le succès ! Il entreprend alors de « ressusciter Carthage », sujet historique moins polémique. Il réunit une documentation encyclopédique et se lance. Salammbô paraît en novembre 1862 ; c’est un grand succès acquis au prix d’années passées dans les « affres du style ». Aussitôt il rédige le plan de L’Éducation sentimentale, sujet quasi autobiographique. Publiée en novembre 1869, c’est un échec même si Banville constate que « tout le roman contemporain en est sorti ». La Tentation de saint Antoine paraît enfin en 1875. L’œuvre est complexe, inclassable, la presse l’éreinte, le succès est modeste mais sa reconnaissance est universelle : Tourgueniev écrit que « Saint Antoine est une des œuvres les plus extraordinaires qu’il connaisse ». Il met en chantier un autre grand roman, Bouvard et Pécuchet, satire restée inachevée de ceux qui croient savoir et n’ont pas même appris à apprendre. Enfin, il publie en 1877 Trois contes, recueil de trois récits de couleurs et thèmes si variés qu’ils résument à merveille tout l’art de Flaubert.
Moqueur, Alexandre Dumas s’est un jour exclamé « Flaubert ? C’était un géant qui abattait une forêt pour faire une boîte. » Ce à quoi le Normand aurait pu répondre : « Je ne veux pas flouer le public, voilà tout... » C’est pour vous, chers lecteurs, que Flaubert a patiemment sculpté ces jolies boîtes, ouvrez-les !
Titre de l'oeuvre : Madame Bovary
Nom de l'auteur : Gustave Flaubert
Publié par : UPblisher
Date de publication : 8 août 2016
Langue de publication : Français
Genre : Roman
Thèmes : Littérature
Nombre de pages : 531 (Ce nombre est basé sur le format pdf)
Format de fichier : PDF
ISBN : 978-2-7599-0228-6
Poids du fichier : 1.86 Mo
Format de fichier : ePub
ISBN : 978-2-7599-0229-3
Poids du fichier : 0.37 Mo
Format de fichier : Kindle
ISBN : 978-2-7599-0230-9
Poids du fichier : 0.54 Mo